1814 : un drame de 60 jours ...

La campagne de France :

un drame de 60 jours ...

La reculade des maréchaux, dont la fidélité commence à vaciller, s’arrête avec l’arrivée de l’empereur à la tête de l’armée. Dès le 29 janvier, la victoire de Brienne vient rappeler au Feld-Marechal Blücher que la route de Paris est encore longue. Les coalisés réunis prendront leur revanche le 1er février à La Rothière, mais tenant Napoléon pour battu, dans un excès de confiance, ils ne sauront discerner qu’ils ne doivent cette victoire qu’au nombre qui fait leur force.
 
Ils commettent alors l’erreur de se diviser pour marcher sur la capitale. Et ce seront, les victoire dues à une série de marches et de contre-marches foudroyantes dont les noms claquent comme autant de coups de tonnerre ; Champaubert (10 février), Montmirail (11 février), Château Thierry (12 février), Vauchamps (14 février), Montereau (18 février). Le prince de Schwartzenberg est affolé, l’armée de Bohème va reculer jusqu’au Rhin ; mais il y a Blücher … Le vieux houzard qui sent s’éloigner l’étreinte de l’Empereur, ne veut pas abandonner la partie et reprend sa marche sur Paris.
Cette fois, c’est le souverain qui prend le pas sur le général et napoléon ne peut laisser impunément menacer sa capitale. Une géniale manoeuvre l’amène sur les arrières du Prussien qui sera écrasé sous les mûrs de Soissons ! Hélas, la place capitule et livre le passage à l’armée de Silésie en plaine débandade. Ne voulant pas lâcher sa proie, l’Empereur arrache la stérile victoire de Craonne (7 mars) où la garde se couvre de gloire. Mais les alliés se sont considérablement renforcés et devant Laon (9 et 19 mars) le courage ne pourra avoir raison du nombre. Les français se rejettent alors sur l’armée de Bohème et ce sera Reims (13 mars), dernier sourire de la fortune, puis l’échec à Arcis-sur-aube (les 20 et 21 mars). Le nombre, toujours le nombre …
 
Tout n'est pas perdu, une dernière manoeuvre, la plus hardie, saura entraîner l'ennemi vers l'est, à la poursuite de 'Empereur.
 
C’est sans compter sans la trahison dont les échos sont parvenus aux oreilles des souverains alliés. Ils marchent sur Paris, écrasant au passage l’héroïque division des gardes nationaux du général Pacthod au combat de la Fère Champenoise, le 25 mars. Le dernier acte de cette tragédie sera scellé, le 30 mars par la défense de Paris, bataille la plus meurtrière de la campagne ; les alliés perdant environ 12.000 hommes tués ou blessés et les français 6.000.
 
Tout est consommé et la défection du corps du maréchal Marmont sera le coup de grâce qui achèvera l’Empereur, revenu en hâte vers sa capitale, qui depuis Fontainebleau croyait encore en son étoile. A Paris les royaliste, opposants au régime ou ralliés de fraîche date, triomphent sans pudeur. Les louanges du tsar et du roi de Prusse sont chantées à l’opéra : «  Ecoutez, vétérans, Marie-louise, gardes nationaux ; écoutez, soldats mutilés, écoutez soldats vaincus ! Et vous cadavres de La Rothière, de Craonne, d’Arcis-sur-aube, de Fère champenoise, entendez vous où vous a couché la mitraille, entendez le chant triomphal des royalistes de Paris : vivent Guillaume et ses guerriers vaillants ! »